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année. La plupart arrivent à une extrême vieillesse sans avoir jamais été malades. Ceux qui le deviennent se guérissent avec des simples dont ils connaissent la vertu.

Les hommes sont entièrement nus ; mais les femmes ne le sont pas tout-à-fait. Elles font consister la beauté à se rendre les dents noires et les cheveux blancs. Ainsi la plus importante de leurs occupations est de se noircir les dents avec certaines herbes, et de blanchir leur chevelure avec des eaux préparées pour cet usage. Elles la portent fort longue, au lieu que les hommes se la rasent presque entièrement, et ne conservent au sommet de la tête qu’un petit flocon de cheveux long d’un doigt, à la manière du Japon.

Leur langue a beaucoup de rapport avec celle des Tagales, qu’on parle aux Philippines. Elle est assez agréable ; la prononciation en est douce et aisée. Un des agrémens de cette langue est de transposer les mots, et quelquefois même les syllabes du même mot ; ce qui donne occasion à des équivoques que ces peuples aiment beaucoup. Quoiqu’ils n’aient aucune connaissance des sciences ni des beaux-arts, ils ne laissent pas d’avoir des histoires remplies de fables, et même quelques poésies dont ils se font honneur. Un poète est respecté de toute la nation. Mais jamais peuple ne fut rempli d’une vanité plus sotte et d’une plus ridicule présomption. Tous les pays dont on leur parle ne paraissent qu’exciter leur mépris.