Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prit, suivant les termes de l’auteur[1], de sonder le gué et de chercher le chemin des Indes pour aller puiser à la source. Elle équipa, dans cette vue, deux navires, dont l’un de quatre cents tonneaux, nommé le Croissant, était sous la conduite de la Bardelière ; l’autre, nommé le Corbin, de deux cents, sous celle de François Grout du Clos-Neuf. Pyrard, qui s’embarqua sur le second, ne s’attribue pas d’autre motif que le désir de voir des choses nouvelles et d’acquérir du bien. Ce désir lui coûta cher. Jamais voyage n’offrit une plus grande variété d’infortunes, et jamais le malheur ne parut s’attacher à un homme avec plus d’obstination.

On arriva le 17 novembre 1601 à Sainte-Hélène : cette île est au 16e. degré de latitude sud, à six cents lieues du cap de Bonne-Espérance. Son air et ses eaux, qui sont d’une pureté admirable, ses fruits et la chair de ses animaux rétablirent la santé de tous les malades. On partit pour s’avancer vers le cap de Bonne-Espérance. Trois jours après, on doubla les Abrolhos , qui sont des bancs et des écueils vers la côte du Brésil, auxquels les Portugais ont donné ce nom pour tenir les voyageurs en garde contre le danger. Ce nom signifie ouvre les yeux, conseil nécessaire à ceux qui seraient tentés de s’y engager, parce qu’il leur serait fort difficile d’en sortir.

On croyait s’avancer vers le cap de Bonne-

  1. Le voyageur Pyrard, dont on suit ici la relation.