Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cher, mais causait souvent des ulcères difficiles à guérir. Les mouches et d’autres insectes volans étaient une incommodité dont il fallait se défendre nuit et jour. D’un autre côté, les matelots, après avoir jeûné sur la mer, se livraient à leur appétit sans discrétion, et se remplissaient de viande, dont l’excès de la chaleur rendait la digestion difficile. Aussi, loin de se rétablir, la plupart furent attaqués d’une fièvre chaude qui les emportait dans l’espace de deux ou trois jours. Quarante-un Français moururent de leur intempérance ou du scorbut. Après six semaines de travail, les vaisseaux se trouvèrent en état de remettre à la voile.

On leva l’ancre le 15 mai, avec si peu de confiance sur l’état des deux vaisseaux, qu’au lieu de penser au terme du voyage, on se proposa de gagner les îles de Comorre, où les rafraîchissemens sont plus sains pour les malades. On les découvrit le 23, à douze degrés et demi d’élévation du sud, entre l’île de Madagascar et la terre ferme d’Afrique. Ces îles sont peuplées de différentes nations de la côte d’Éthiopie, de Cafres, de Mulâtres, d’Arabes et de Persans, qui font tous profession de la religion mahométane, et qui sont en commerce avec les Portugais de Mozambique, dont elles ne sont éloignées que d’environ soixante-dix lieues.

Grout du Clos-Neuf, capitaine du Corbin, ne s’était pas rétabli si parfaitement aux îles de Comorre, qu’il ne fût retombé dans une