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s’efforcer dans cette saison de doubler le cap de Bonne-Espérance ; et qu’en supposant même qu’on y pût arriver, il était impossible à un bâtiment tel que la caraque d’y aborder et d’y prendre port ; mais les pilotes combattirent cet avis, parce que la caraque n’était pas en état de recommencer une si longue route, sur tout ayant à repasser la terre de Natal, où il fallait s’attendre à de nouvelles tempêtes. On se trouvait assez près de la terre pendant le conseil. À peine fut-il fini, qu’on y fut pris d’un calme qui rendit les voiles inutiles pour se retirer au large. La caraque fut portée par l’agitation des flots ou la violence des courans dans une grande baie, dont il était impossible de sortir sans le secours du vent. Cependant on voyait sur les côtes un prodigieux nombre de sauvages qui paraissaient s’attendre à profiter des débris du vaisseau. Le capitaine exhortait déjà tout le monde à prendre les armes, et l’on était également occupé de la crainte de se briser contre la côte et de celle de tomber entre les mains de ces barbares ; mais le ciel permit, dans ce danger, qu’il s’élevât un petit vent de terre qui sauva la caraque en la jetant hors de la baie.

Ce ne fut que le dernier jour de mai, après quantité d’autres infortunes, que le vent devint propre à doubler le Cap. Les pilotes reconnurent le lendemain qu’on l’avait passé, et la joie commença aussitôt à renaître dans l’équipage, avec l’espérance d’arriver heureuse-