Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour solliciter la charité des habitans. Le hameau était composé de quarante ou cinquante pauvres maisons dispersées, que nous fûmes obligés de parcourir pour tirer en aumône un demi-sac de riz, un peu de farine, des fèves, des ognons, et quelques méchans habits, qui servirent à la réparation des nôtres. Les directeurs de l’hôpital nous donnèrent deux taëls en argent. Nous leurs demandâmes la liberté de passer quelques jours dans leur maison ; ils nous répondirent qu’à l’exception des malades et des femmes enceintes, les pauvres n’y demeuraient pas si long-temps, et qu’on ne pouvait violer en notre faveur une loi établie par de savans et religieux personnages ; mais qu’à trois lieues du village de Cathiotan, où nous étions, nous trouverions, dans la grande ville de Siley-Jacau, un hôpital fort riche où tous les pauvres étaient reçus. Ils nous offrirent une lettre de recommandation que nous acceptâmes. Elle était conçue en des termes si pressans et si tendres, qu’en nous plaignant de leurs lois et de leurs usages, nous fûmes forcée de rendre justice à leurs intentions.

» Nous arrivâmes le soir à Siley-Jacau, où nous apprîmes à connaîtra encore mieux le caractère des Chinois. On nous y reçut avec une charité digne du christianisme ; mais il fallut essuyer de longues et incommodes formalités, et protester que notre dessein était de quitter la Chine après notre guérison.

» Dix-huit jours que nous passâmes dans le