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victoire. Il se rendit sur la place d’armes, accompagné de tous ses capitaines. Son premier soin fut d’y brûler les drapeaux chinois. Ensuite, faisant approcher Mendez, il joignit à l’éloge de sa conduite et de sa sagesse un présent de deux bracelets d’or. Nous reçûmes aussi des témoignages de son estime ; mais la plus haute marque de considération, au jugement des Tartares, fut de nous faire manger à sa table dans le château même, théâtre de son triomphe. Après le festin, il souilla sa gloire par un excès de barbarie. Non-seulement il fit mettre le feu à la place avec quantité de cérémonies odieuses, mais, ayant fait couper la tête aux Chinois morts, il fit arroser de leur sang tous les lieux que la flamme avait ravagés. Lorsqu’il fut retourné à sa tente, il donna mille taëls à Mendez. Chacun des autres Portugais, en reçut cent. Cette inégalité devint un nouveau sujet de murmures pour ceux qui se croyaient au-dessus de lui par la naissance, quoiqu’ils ne pussent désavouer que nous lui devions l’honneur et la liberté.

» Le nauticor leva son camp, et deux jours de marche, pendant lesquels il répandit la désolation sur ses traces, le firent arriver à deux lieues de Pékin. Il trouva sur le bord d’une rivière, nommée Palanxitau, un prince tartare qui venait le féliciter au nom du khan, et qui lui amenait un cheval richement équipé, du nombre de ceux que le khan montait pour faire son entrée dans la capitale de l’empire