Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/122

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moigna son admiration par quelques mots dans lesquels il nomma les hommes de misérables fourmis. Ensuite, nous ayant fait signe d’approcher jusqu’au premier degré du trône, où quatorze rois étaient assis, il nous demanda du même air d’étonnement : « Combien ? combien ? » Nous lui répétâmes « trois ans. » Il voulut savoir pourquoi nous n’étions pas venus par terre plutôt que par mer, où les dangers étaient continuels. Nous répondîmes qu’ils étaient encore plus grands par terre dans une immense étendue de pays qui étaient peuplés de différentes nations. « Que veniez-vous donc chercher ici ? ajouta le khan, et pourquoi vous exposez-vous à tant de périls ? » Lorsque nous eûmes répondu à cette question, il demeura quelque temps en silence. Ensuite, branlant trois ou quatre fois la tête, il dit à ceux qui étaient près de lui « qu’il y avait sans doute beaucoup d’ambition et peu de justice dans notre pays, puisque nous venions de si loin pour conquérir d’autres terres. » Ce discours et la réponse d’un vieux seigneur auquel il était particulièrement adressé, excitèrent beaucoup d’applaudissemens. Ils furent interrompus par la musique qui dura quelques momens, et le khan passa dans une autre chambre, avec une jeune fille qui le rafraîchissait par le mouvement d’une sorte d’éventail. Le nauticor reçut ordre de demeurer ; mais il nous fit dire de retourner à notre tente, et de nous reposer sur les