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de divers édifices qui contenaient les tombeaux de vingt-sept khans, ou empereurs de Tartarie. L’intérieur des chapelles était revêtu de lames d’argent, avec diverses idoles de même métal. À quelque distance du temple, vers le nord, on nous fit remarquer un enclos de vaste étendue, dans lequel il y avait alors deux cent quatre-vingts monastères, de l’un et de l’autre sexe, dédiés au même nombre d’idoles, où l’on nous assura qu’on ne comptait pas moins de quarante-deux mille personnes consacrées à la vie religieuse, sans y comprendre les domestiques qui étaient employés à leur service. Nous vîmes entre les édifices une infinité de colonnes de bronze, et sur chaque colonne une idole dorée. Un de ces monastères dédié à Quay-Frigau, c’est-à-dire au dieu des atomes du soleil, avait été fondé par une sœur du khan, veuve du roi de Pasna, que la mort de son mari, avait portée à s’enfermer avec six mille femmes qui l’avaient suivie. Elle avait pris par humilité un nom tartare qui signifie balai de la maison de Dieu. Les ambassadeurs se firent un devoir de lui aller baiser les pieds : elle reçut ce témoignage de leur respect avec beaucoup de bonté ; mais ayant jeté la vue sur nous, et s’étant informée qui nous étions, elle parut apprendre avec beaucoup d’étonnement, par le récit des ambassadeurs, que nous étions venus de l’extrémité du monde, et d’un pays dont les Tartares ne connaissaient pas le nom. Sa curiosité de-