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. La plupart de ses gens étaient si couverts de blessures, qu’il fut obligé de s’arrêter pendant vingt jours à Lampacan pour les rétablir. Une cruelle nécessité nous força de prendre parti à son service. Il mit cinq d’entre nous dans l’une de ses jonques, et trois dans l’autre.

» Son intention était de se rendre dans le port de Lailou, à sept lieues de Chinchen et quatre-vingts de Lampacan. Nous commençâmes cette route avec un fort bon vent, et nous suivîmes pendant neuf jours la côte de Laman. Mais, vers la rivière du Sel, qui est à cinq lieues de Chabakaï, nous fûmes attaqués par sept jonques, qui, dans un combat fort opiniâtre, brûlèrent celle des deux nôtres où le corsaire avait mis cinq Portugais. Nous ne dûmes notre salut nous-mêmes qu’au secours de la nuit et du vent. Ainsi, dans le plus triste état nous fîmes voile devant nous pendant trois jours, à la fin desquels un impétueux orage nous poussa vers l’île de Lequios. Le corsaire, qui était connu du roi et des habitans, remercia le ciel de lui avoir procuré cet asile. Cependant il ne lui fut pas possible d’y aborder, parce qu’il avait perdu son pilote dans le dernier combat. Après vingt-sept jours de travail et de dangers, nous fûmes jetés dans une anse inconnue, où deux petites barques s’approchèrent aussitôt de notre jonque. Six hommes qui les montaient nous demandèrent ce qui nous avait amenés dans leur île. Samipocheca les reconnut à leur langue