Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/136

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» Nous nous aperçûmes effectivement que cette aventure nous attirait plus de considération des Chinois, qui ne pensaient plus qu’à profiter de l’occasion pour réparer leur vaisseau et pour se défaire avantageusement de leurs marchandises. Ils nous prièrent d’entretenir le nautaquin dans l’opinion qu’il avait de nous. Leurs bienfaits devaient répondre à nos services. Nous descendîmes avec le nécoda et douze de ses gens. L’accueil que nous reçûmes augmenta beaucoup leurs espérances. Tandis que les principaux marchands du pays traitaient avec eux pour leurs marchandises, le nautaquin nous prit dans sa maison, et recommença fort curieusement à nous interroger sur tout ce que nous avions observé dans nos voyages. Nous nous étions préparés à satisfaire son goût, suivant le tour de ses demandes, plutôt qu’à nous assujettir fidèlement à la vérité. Ainsi, lorsqu’il voulut savoir s’il était vrai, comme il l’avait appris des Chinois et des Lequiens, que le Portugal était plus riche et plus grand que l’empire de la Chine, nous lui accordâmes cette supposition. Lorsqu’il nous demanda si le roi de Portugal avait conquis la plus grande partie du monde, comme on l’avait assuré, nous le confirmâmes dans une idée si glorieuse pour notre nation. Il nous dit aussi que le roi notre maître avait la réputation d’être si riche en or, qu’on lui attribuait deux mille maisons qui en étaient remplies jusqu’au toit. À cette folle imagination, nous ré-