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son prédécesseur, qu’on faisait monter à trois millions d’or. Cette promesse n’ayant pas été mieux reçue, il perdit toute espérance de composition avec un ennemi si cruel. Les Portugais devinrent son unique ressource, du moins pour se garantir du danger qui le menaçait personnellement. Il leur dépêcha un homme de leur nation, nommé Paul de Seixas, qui était attaché depuis long-temps à sa cour, avec une lettre pour Cayero, dans laquelle il offrait de soumettre ses états au roi de Portugal, et de lui livrer la moitié de ses trésors. Mais l’envie des principaux Portugais du conseil, qui s’imaginèrent que Cayero profiterait seul des richesses de ce prince, sinon en les faisant passer dans ses coffres, du moins en les portant seul au roi de Portugal, qui ferait tomber sur lui toutes ses récompenses, et qui lui prodiguerait les comtés et les marquisats, ou qui croirait ne pouvoir s’acquitter parfaitement, s’il ne le nommait vice-roi des Indes, fit manquer une si belle occasion d’enrichir Lisbonne des dépouilles de Martaban. Ces perfides conseillers représentèrent combien il était dangereux d’offenser le roi de Brama, qui pourrait employer tout d’un coup sept cent mille hommes à sa vengeance contre une poignée de Portugais. Ils déclarèrent même à Cayero, que, s’il n’abandonnait la pensée d’assister le roi de Martaban, ils se croiraient obligés, pour leur propre sûreté, d’en avertir le vainqueur, et de sauver par cette voie les