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meilleures troupes que le roi de Portugal eût aux Indes.

» Cayero, forcé de renvoyer Seixas avec un refus, écrivit une lettre civile à Chambaïna pour se justifier par de faibles excuses. Nous apprîmes que ce malheureux prince, dans la douleur de perdre une ressource qu’il avait réservée pour la dernière, était tombé sans connaissance après avoir lu cette réponse, et qu’en revenant à lui, il s’était frappé plusieurs fois le visage, avec les regrets les plus touchans de sa misérable fortune et des plaintes amères de l’ingratitude des Portugais. Il eut la générosité de congédier Seixas, en l’exhortant à chercher un protecteur plus heureux, et ce ne fut pas sans lui avoir fait de riches présens. Il lui laissa aussi la liberté d’emmener une jeune et belle fille de sa cour, dont il avait eu deux enfans, et qu’il épousa depuis à Coromandel. Seixas revint au camp cinq jours après, et nous attendrit beaucoup par ce récit.

» Chambaïna connut qu’il ne lui restait plus d’espérance. Il rassembla tous ses officiers ; et dans ce conseil général, on prit la résolution de donner la mort à tous les êtres vivans qui n’étaient pas capables de combattre, et de faire un sacrifice de ce sang à Quaï-Nivandel, dieu des batailles. On devait jeter ensuite dans la mer tous les trésors du roi, et mettre le feu à la ville. Après ces trois exécutions, ceux qui se trouvaient en état de porter les armes étaient déterminés à fondre sur les ennemis.