Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/200

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mais avec si peu de connaissance des chemins, que pendant trois jours et demi nous traversâmes au hasard des montagnes désertes. De là nous entrâmes dans une plaine marécageuse, où toutes nos recherches ne nous firent pas découvrir d’autres traces que celles des tigres, des serpens, et d’autres animaux sauvages. Cependant, vers la nuit, nous aperçûmes un feu du côté de l’est. Cette lumière nous servit de guide jusqu’au bord d’un grand lac. Quelques pauvres cabanes, que nous ne pûmes distinguer avant le jour, nous inspirèrent peu de confiance pour les habitans. Ainsi, n’osant nous en approcher, nous demeurâmes cachés jusqu’au soir dans des herbes fort hautes, où nous fûmes la pâture des sangsues. La nuit nous rendit le courage de marcher jusqu’au lendemain. Nous arrivâmes au bord d’une grande rivière que nous suivîmes l’espace de cinq jours. Enfin nous trouvâmes sur la rive une sorte de petit temple ou d’ermitage, dans lequel nous fûmes reçus avec beaucoup d’humanité. On nous y apprit que nous étions encore sur les terres de Savadi. Deux jours de repos ayant réparé nos forces, nous continuâmes de suivre la route, comme le chemin le plus sûr pour nous avancer vers les côtes maritimes. Le jour d’après nous découvrîmes le village de Pomiséraï, dont les ermites nous avaient appris le nom ; mais la crainte nous retint dans un bois fort épais, où nous ne pouvions être aperçus des passans. À minuit nous en sortîmes pour