Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/205

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Son affection fut réveillée par le récit de mes infortunes. Il se fit un devoir de conscience et d’honneur de me rendre une partie des biens que j’avais perdus à son service.

» La générosité de don Pedro n’ayant point assez rétabli mes affaires pour m’inspirer le goût du repos, je cherchai l’occasion de faire un nouveau voyage à la Chine, et de tenter encore une fois la fortune dans un pays où je n’avais éprouvé que son inconstance. Je m’embarquai à Goa dans une jonque de mon bienfaiteur qui allait charger du poivre dans les ports de la Sonde. Nous arrivâmes à Malacca.

» Quatre vaisseaux indiens qui entreprirent avec nous le voyage de la Chine nous formèrent comme une escorte, avec laquelle nous arrivâmes heureusement au port de Chincheu. Mais, quoique les Portugais y exerçassent librement leur commerce, nous y passâmes trois mois et demi dans de continuels dangers. On n’y parlait que de révolte et de guerre. Les corsaires profitaient de ce désordre pour attaquer les vaisseaux marchands jusqu’au milieu des ports. La crainte nous fit quitter Chincheu pour nous rendre à Chabaquaï : c’était nous précipiter dans les malheurs dont nous espérions nous garantir. Cent vingt jonques que nous y trouvâmes à l’ancre nous enlevèrent trois de nos cinq vaisseaux. Le nôtre se garantit par un bonheur qui me causa de l’admiration. Mais les vents d’est qui com-