Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/226

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pièces. Harman, qui, avait été peu blessé en sautant, se sentit assez de vigueur pour se mettre à la nage, et se rendit dans la chaloupe. Pour moi, je criai : « Si vous voulez me sauver la vie, il faut que vous veniez jusqu’à moi ; car j’ai été si maltraité, que je n’ai point la force de nager. » Le trompette s’étant jeté dans la mer avec une ligne de sonde qui se trouva dans la chaloupe, en apporta un bout jusqu’entre mes mains. Je la fis tourner autour de ma ceinture ; et ce secours me fit arriver heureusement à bord : j’y trouvai Roi, Guillaume van Galen, et le second pilote nommé Meyendert Kryns, qui était de Hoorn. Ils me regardèrent long-temps avec admiration.

» J’avais fait faire à l’arrière de la chaloupe une espèce de petite cabane qui pouvait contenir deux hommes. J’y entrai pour y prendre un peu de repos ; car je me sentais si mal, que je ne croyais pas avoir beaucoup de temps à vivre. J’avais le dos brisé, et je souffrais mortellement des deux trous que j’avais reçus à la tête. Cependant je dis à Roi : « Je crois que nous ferions bien de demeurer cette nuit près du débris. Demain, lorsqu’il fera jour, nous pourrons sauver quelques vivres, et peut-être trouverons-nous une boussole pour nous aider à découvrir les terres. » On s’était sauvé avec tant de précipitation, qu’on était presque sans vivres. À l’égard des boussoles, le premier pilote qui soupçonnait la plupart des gens de l’équipage de vouloir abandonner