Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bientôt à se faire sentir, nous fûmes obligés de retourner à terre par une baie que nous découvrîmes. Quantité de gens qui étaient sur le rivage prirent la fuite en nous voyant débarquer. Nous avions fait une trop funeste expérience de la barbarie de ces insulaires pour en espérer des vivres ; mais nous trouvâmes du moins de l’eau douce. Les rochers voisins nous offrirent des huîtres et des petits limaçons de mer, dont nous mangeâmes avec d’autant plus de goût, qu’ayant sauvé un plein chapeau de poivre que j’avais acheté dans le village où j’avais laissé nos quatre hommes, il nous servit à les assaisonner. Après nous en être rassasiés, chacun en remplit ses poches, et nous rentrâmes dans la chaloupe avec nos deux petits barrils d’eau fraîche. Je proposai, en quittant la baie, de prendre un peu plus au large pour faire plus de chemin. Ce conseil fut suivi ; mais le vent, qui commençait à forcer, nous fit essuyer pendant la nuit une grosse tempête. Cependant les peines qu’il nous causa devinrent une faveur du ciel. Si nous eussions continué de ranger la côte, nous n’aurions pu nous défendre de relâcher près d’une autre aiguade qui se présente dans la même île, où nous aurions trouvés des ennemis cruels qui s’étaient déclarés depuis peu contre les Hollandais, et qui en avaient déjà massacré plusieurs. À la point du jour nous eûmes la vue de trois îles qui étaient devant nous. Nous prîmes la résolution d’y relâcher, quoique nous ne les