Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fort petits : ils sont plus subtils, que braves ; la moindre résistance les met en fuite : mais ils sont insolens et cruels dans la victoire ; et lorsqu’ils sont en mer, ils ne font aucune distinction entre les étrangers et leurs meilleurs amis. Cette férocité les abandonne au retour. Il n’y a rien à craindre dans leurs bazars. Les princes sous l’autorité desquels ils sont établis ferment les yeux sur leurs larcins maritimes, et les partagent même avec eux ; mais ils les punissent aussi rigoureusement que le moindre de leurs sujets lorsqu’ils peuvent les convaincre de quelque autre vol. On les distingue des Gentous à leur barbe qu’ils laissent croître, à l’usage qu’ils ont de se couper les cheveux, et plus sûrement encore à leurs habits, qui sont des vestes et des turbans ; au lieu que les Gentous sont presque nus.

Si les prisonniers qu’ils font sur mer sont Malabares, soit gentous ou mahométans, ils les volent, les dépouillent et les mettent à terre ; mais ils ne peuvent les réduire à l’esclavage, s’ils sont Gentous d’une autre contrée ; s’ils sont chrétiens, ils ont le pouvoir de les conduire dans leurs habitations, de les charger de chaînes et de les forcera des travaux pénibles qui abrègent bientôt la vie de ceux qui n’ont personne qui s’intéresse à leur sort et qui se hâte de les racheter. Lorsqu’un corsaire met pour la première fois une galère à l’eau, il y égorge quelques-uns de ses esclaves chrétiens ; et l’arrosant de leur sang, il en espère plus de bon-