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diminué le nombre ; et peut-être seraient-ils tous exterminés depuis long-temps, si le besoin qu’on a d’eux pour la garde des biens de la campagne n’obligeait d’en conserver quelques-uns. Il leur est défendu de se vêtir d’étoffe ou de toile. L’écorce des arbres ou les feuilles entrelacées leur servent à se couvrir. Ils sont d’ailleurs fort sales. On leur voit manger toutes sortes d’immondices et de charognes ; ils n’en exceptent pas celles des bœufs et des vaches, ce qui augmente beaucoup l’horreur qu’on a pour eux dans un pays où ces animaux sont en vénération. Aussi ne leur est-il pas plus permis d’approcher des temples que des grands et de leurs palais. Les prêtres ne reçoivent de leur part aucune autre offrande que de l’or ou de l’argent : encore faut-il qu’ils le posent de fort loin à terre, où l’on se garde de l’aller prendre avant qu’ils aient disparu. On le lave pour le présenter aux dieux ; et celui qui va le prendre est obligé de se purifier après l’avoir apporté. S’ils ont quelque faveur à demander aux grands, il faut aussi que leur requête soit présentée d’assez loin ; et la réponse se fait à la même distance. Souvent, sans avoir commis la moindre faute, ils sont condamnés sous peine de la vie à payer de grosses amendes ; et, pour éviter la mort, ils apportent fidèlement la taxe qu’on leur impose. Les voyageurs expliquent comment des malheureux qui sont bannis du commerce des hommes, qui ne possèdent rien, et qui n’exercent aucune profession dans la-