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quelle ils puissent s’enrichir, se trouvent en état de satisfaire à ces impositions. C’est une passion commune à tous les Malabares d’enterrer tout l’or et l’argent qu’ils ont amassé, et d’ajouter chaque jour quelque chose à leur trésor, sans jamais en rien ôter. Ils meurent ordinairement sans en avoir donné connaissance à leurs héritiers, dans l’espoir de retrouver ces richesses et de pouvoir s’en servir lorsque, suivant leurs principes, ils reviendront animer un autre corps. Les pouliats, qui vivent dans l’oisiveté, emploient la meilleure partie de leur temps à la recherche de ces trésors cachés ; et le bonheur qu’ils ont souvent d’y réussir les fait accuser de sortilége. L’usage qu’ils font de cet argent est pour satisfaire l’insatiable avidité de leurs princes, qui menacent continuellement leur vie. Cet incompréhensible avilissement de l’espèce humaine que nous offrent si souvent les états despotiques, est la condamnation évidente de cette détestable forme de gouvernement qui ne devrait trouver d’apologistes qu’à la cour des tyrans, et qui, à la honte de l’humanité, a trouvé des panégyristes chez les nations libres et éclairées.

Les naïres ou les nobles du Malabar ne sont pas moins distingués par leur adresse et leur civilité que par leur naissance. Ils ont seuls le droit de porter les armes, et leur tribu est la plus nombreuse de chaque état. Comme ils dédaignent la profession du commerce, la plupart ont fort peu de bien ; mais ils n’en sont