Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/264

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donnent le voyageur qui s’est mis sous leur protection. Leur zèle va si loin, que, s’ils sont attaqués dans la route, ils périssent tous jusqu’au dernier plutôt que de survivre à ceux dont ils ont entrepris la défense. Ils n’abusent jamais de la confiance qu’on a pour eux ; ou si l’on rapporte quelque exemple de trahison, ils sont comme effacés par les affreux châtimens dont ils ont été suivis. Ce n’est pas à la justice publique qu’on remet la punition des coupables. Leurs plus proches parens leur servent de bourreaux pour réparer la honte de leur famille, et les mettent en pièces de leurs propres mains, avec des circonstances dont le récit fait frémir.

Dellon observe qu’un étranger qui voyage dans le Malabar est plus en sûreté sous l’escorte d’un enfant naïre que sous celle des plus redoutables guerriers de la même tribu : parce que les voleurs du pays ont pour maxime de n’attaquer jamais que les voyageurs qu’ils rencontrent armés, et qu’ils ont, au contraire, un respect inviolable pour la faiblesse et l’enfance. Les jeunes naïres, que leur âge ne rend pas assez forts pour soutenir et pour manier les armes, portent une petite massue de bois d’un demi-pied de longueur. Il est surprenant, ajoute Dellon, que, malgré l’opinion bien établie qu’il y a moins de danger sous la garde d’un de ces enfans que sous celle de vingt naïres bien armés, tout le monde préfère le plaisir de paraître avec une suite nom-