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mais qui mettent eux-mêmes leurs ouvrages en vente, ou qui cherchent des occupations convenables à leurs talens. Les filles se parent soigneusement pour plaire aux spectateurs, et cet usage donne lieu à beaucoup de désordres.

Il se trouve dans le marché de la rue Drécha quantité de beaux chevaux arabes et persans, qui se vendent nus jusqu’à cinq cents pardos ; mais la plupart y sont amenés avec de superbes harnais, dont la valeur surpasse quelquefois celle du cheval.

La marée montant jusqu’à la ville, les habitans sont réduits à tirer l’eau qu’ils boivent de quelques sources qui descendent des montagnes, dont il se forme des ruisseaux qui arrosent plusieurs parties de l’île. Il y a peu de maisons dans Goa qui n’aient des puits ; mais cette eau ne peut servir qu’aux besoins domestiques. Celle qui se boit est apportée d’une belle fontaine nommée Banguenin, que les Portugais ont environnée de murs à un quart de lieue de la ville. Ils ont pratiqué au-dessous quantité de réservoirs où l’on blanchit le linge, et d’autres qui servent comme de bains publics. Quoique le chemin en soit fort pénible, et qu’on ait à monter et descendre trois ou quatre grandes montagnes, on y rencontre nuit et jour quantité de gens qui vont et qui viennent. L’eau se vend par la ville. Un grand nombre d’esclaves, employés continuellement à cette besogne, la portent dans des cruches de terre qui tiennent environ deux seaux, et