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cesse de subsister entre les deux nations ; mais elle est établie depuis long-temps d’une manière qui paraît inaltérable, parce qu’elle paraît fondée sur un intérêt réciproque. Celui des Portugais consiste à compter les rois du Décan pour leurs amis ; et celui de ces rois est de tirer le plus grand parti possible du commerce que les Portugais attirent dans le pays. D’ailleurs, depuis fort long-temps, les Portugais ne sont plus assez puissans dans l’Inde pour y faire craindre l’esprit de conquête qui les animait autrefois.

Le pouvoir du vice-roi portugais s’étend sur tous les établissemens de sa nation dans les Indes. Il y exerce tous les droits de l’autorité royale, excepté à l’égard des gentilshommes, que les Portugais nomment hidalgos. Dans les causes civiles comme dans les criminelles, ils peuvent appeler de sa sentence en Portugal ; mais il les y envoie prisonniers les fers aux pieds. Ses appointemens sont peu considérables en comparaison des profits qui lui reviennent pendant ses trois ans d’administration. Le roi lui donne environ soixante mille pardos, ce qui suffit à peine pour son entretien, au lieu qu’il gagne quelquefois un million. Il se fait servir avec tout le faste de la royauté. Jamais on ne le voit manger hors de son palais, excepté le jour de la conversion de saint Paul, et celui du nom de Jésus, qu’il va diner dans les maisons de jésuites qui portent ces noms. L’archevêque est le seul qui mange quel-