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avant sa femme, la veuve n’a jamais la liberté de se remarier, sans excepter celles dont le mariage n’a point été consommé. Leur condition devient fort malheureuse. Elles demeurent renfermées dans la maison de leur père dont elles n’obtiennent jamais la permission de sortir ; assujetties aux ouvrages les plus fatigans, privées de toutes sortes d’ornemens et de plaisirs. Enfin cette contrainte est si pénible, que la plupart prennent la fuite pour mener une vie plus libre ; mais elles sont obligées de s’éloigner de leur famille, dans la crainte d’être empoisonnées par leurs parens, qui se font un honneur de cette vengeance.

L’usage leur laisse indifféremment la liberté de brûler leurs morts ou de les enterrer. On jette les cendres des uns dans la rivière la plus voisine ; les autres sont ensevelis les jambes croisées, c’est-à-dire, dans la posture où ils s’asseyent ordinairement. Si l’on en croit la tradition du pays, les femmes étaient autrefois si livrées a la débauche, qu’elles empoisonnaient leurs maris pour s’y abandonner plus librement. Ce désordre, répandu dans toutes les conditions, ne put être arrêté que par de rigoureuses lois qui obligeaient une veuve de se brûler avec son mari, sur le seul fondement qu’elle pouvait avoir procuré sa mort par l’avantage qu’elle trouvait à lui survivre. Cet usage subsiste encore dans quelques autres pays des Indes ; mais, du temps de Méthold, on en avait adouci la rigueur à Golconde. La