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chent à cette méthode pour suivre le cours de la veine, ou si c’est un simple effet de leur ignorance ; mais ils ont une manière de tirer l’eau des mines qui lui parut préférable à toutes nos machines : elle consiste à placer les uns au-dessus des autres un grand nombre d’hommes qui se donnent l’eau de mains en mains. Rien n’est plus prompt que ce travail ; et la diligence y est d’autant plus nécessaire, que l’endroit où l’on a travaillé à sec pendant toute la nuit se trouverait le matin presque rempli d’eau.

La mine était affermée à Marcanda, riche marchand de la tribu des orfèvres, qui en payait annuellement la somme de trois cent mille pagodes, sans compter que le roi se réservait tous les diamans au-dessus de dix carats. Ce fermier général avait divisé le terrain en plusieurs portions carrées qu’il louait à d’autres marchands. Les punitions étaient très-rigoureuses pour ceux qui entreprenaient de frauder les droits : mais cette crainte n’empêchait pas qu’on ne détournât sans cesse quantité de beaux diamans. Méthold en vit deux de cette espèce qui approchaient chacun de vingt carats, et plusieurs de dix ou douze. Mais, malgré le péril auquel on s’expose en les montrant, ils se vendent fort cher.

Cette mine est située au pied d’une grande montagne, assez proche de Chrischna, grand fleuve qui coule à l’est. Le pays est naturellement si stérile, qu’il ne pouvait passer que