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pos. Quatre ou cinq cordonniers qui se trouvaient heureusement à bord, entreprirent d’en faire des seaux qui ne tenaient pas moins d’une pipe, et rendirent un service important dans un si grand danger. À l’aide d’un gros câble auquel on attacha autant de poulies qu’il y avait de seaux, on vint à bout, dans l’espace d’une heure ou deux, de tirer toute l’eau du vaisseau par cinq grands trous qu’on fit en divers endroits du tillac.

Le temps étant devenu plus doux, on arriva le 2 juillet au port de Masulipatan. Les facteurs anglais et hollandais y reçurent fort civilement Tavernier, et lui donnèrent plusieurs fêtes dans un beau jardin que les Hollandais ont à une demi-lieue de la ville ; mais, apprenant le dessein qu’il avait de se rendre à Golconde, ils l’avertirent que le roi n’achetait rien de rare ni de haut prix sans avoir consulté Mirghimola, son premier ministre et général de ses armées, qui faisait alors le siège de Gandicot, ville de la province de Carnatic, dans le royaume de Visapour. Tavernier ne balança point à prendre cette route ; il acheta une sorte de voiture qui se nomme pallekis, avec trois chevaux et six bœufs, pour porter lui, ses valets et son bagage ; et son départ ne fut différé que jusqu’au 21 juillet.

Il fit trois lieues le premier jour pour aller passer la nuit dans le village de Nilmol. Le 22 il fit six lieues jusqu’à Vouhir, autre village avant lequel on passe une rivière sur un ra-