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coups dans le dos, avec un œil crevé. On lui envoya le chirurgien-major de la compagnie, qui passa près de lui vingt-cinq jours sans pouvoir le sauver.

La date de cette affreuse bataille est du 20 mai 1740. Les Marattes y firent un grand nombre de prisonniers, dont les principaux furent Taqua-Saheb, grand-divan, un des gendres de Daoust, et le nabab Eras-Khan-Mirzoutohr, commandant-général de la cavalerie. Dans le pillage du camp, ils enlevèrent la caisse militaire, l’étendard de Mahomet et celui de l’empereur ; ils emmenèrent quarante éléphans avec un grand nombre de chevaux. Le corps de Daoust-Aly-Khan fut trouvé parmi les morts ; mais on ne put reconnaître celui de son fils, qui avait été sans doute écrasé, comme un grand nombre d’autres, sous les pieds des éléphans.

Le bruit de ce grand événement jeta dans toute la presqu’île de l’Inde une épouvante qui ne peut être représentée. On ne put se le persuader dans Pondichéry qu’à la vue d’une prodigieuse multitude de fugitifs, Maures et Gentous, qui vinrent demander un asile avec des cris et des larmes, comme dans le lieu de toute la côte où ils se flattaient de trouver plus de secours et d’humanité. Bientôt le nombre en devint si grand, que la prudence obligea de fermer les portes de la ville. Le gouverneur y était jour et nuit pour donner ses ordres. Les maisons et les rues se trouvèrent remplies