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l’égard de ceux qu’on veut honorer singulièrement, on lui versa un peu d’eau rose sur la tête et sur ses habits. Mais, de tous les présens qui lui furent offerts, il ne voulut accepter que deux petits vases en filigrane de vermeil ; et, partant fort satisfait des honneurs et des politesses qu’il avait reçus, il envoya dès le même jour au gouverneur un serpent avec le plus beau de ses éléphans.

L’année suivante, lorsque le chevalier Dumas quitta les Indes pour retourner en France, toute la reconnaissance du nabab parut s’accroître avec le chagrin de perdre son bienfaiteur et son ami. Il lui envoya pour monument d’une éternelle amitié l’habillement et l’armure de son père Daoust-Aly-Khan, présent également riche et honorable.

Enfin cette faveur fut couronnée par une autre ; ce fut la dignité de nabab et de mansoupdar, qui donnait au chevalier Dumas le commandement de quatre azaris et demi, c’est-à-dire, de quatre mille cinq cents cavaliers mogols, dont il était libre de conserver deux mille pour sa garde, sans être chargé de leur entretien. Elle lui vint de la cour du Mogol, mais sans doute à la recommandation du nabab d’Arcate. Jamais aucun Européen n’avait obtenu cet honneur dans les Indes. Outre l’éclat d’une distinction sans exemple, il en revenait un extrême avantage à la compagnie française, qui allait se trouver défendue par les troupes de l’Indoustan et par les généraux