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caissiers de la compagnie et de divers particuliers qui s’estimaient trop heureux et trop honorés de la préférence qu’il leur accordait, et qui se repaissaient déjà des grandes espérances dont il avait soin de les flatter. Non-seulement les Anglais lui ouvrirent leurs bourses, mais les Portugais qui étaient établis à Madras, et, ceux qui demeuraient dans les lieux voisins vinrent en foule auprès de lui pour lui composer une espèce de cour, sans pouvoir déguiser leur jalousie et l’honneur que les Anglais avaient eu de te recevoir les premiers. Le comte reçut ses nouveaux sujets avec la gravité d’un véritable souverain, et leur tint un langage qui prévint jusqu’aux moindres soupçons.

Les Portugais les plus riches lui offrirent aussi de l’argent, et le supplièrent de ne pas épargner leur bourse. À peine voulaient-ils recevoir les billets qu’il avait la bonté de leur faire ; d’autres lui présentèrent des diamans et des bijoux. Il ne refusait rien ; mais il avait une manière de recevoir si agréable et si spirituelle, qu’il ne semblait prendre que pour obliger ceux qui lui faisaient des présens. Il se donna des gardes avec un grand nombre de domestiques, et son train répondit bientôt à la grandeur de son rang. Après s’être arrêté l’espace de quinze jours à Madras, il en partit avec un équipage magnifique et une suite nombreuse dont l’entretien lui coûtait peu, parce que, dans tous les lieux de son passage, il n’y avait personne qui ne se crût fort honoré de le