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rience augmenta notre habileté pour la pêche. Le samedi suivant, à la pointe du jour, nous crûmes découvrir une voile qui s’avançait vers l’île ; mais l’air étant fort tranquille, il y avait peu d’apparence qu’elle y dût aborder. Cependant Faria nous fit retourner au rivage où nos vaisseaux s’étaient brisés, et nous n’y fûmes pas une demi-heure sans reconnaître que c’était un véritable bâtiment. Après avoir délibéré sur nos espérances, nous prîmes le parti d’entrer dans un bois voisin, pour nous dérober à la vue de ceux qui paraissaient approcher ; ils arrivèrent sans défiance, et nous les reconnûmes pour des Chinois. Leur bâtiment était une belle lantée à rames, qu’ils amarrèrent avec deux câbles de poupe et de proue, pour descendre plus facilement par une planche ; environ trente personnes, qui sautèrent aussitôt sur le sable, s’employèrent à faire leur provision d’eau et de bois ; quelques-uns s’occupèrent aussi à préparer les alimens, à lutter, et à d’autres exercices. Faria, les voyant sans crainte et sans ordre, jugea qu’il n’était resté personne dans le vaisseau qui fût capable de nous résister. Il nous donna ses ordres, après nous avoir expliqué son dessein ; et sur le signe dont il nous avait avertis, nous prîmes notre course ensemble vers la lantée, où nous entrâmes sans aucune opposition. Les deux câbles furent aussitôt lâchés ; et tandis que les Chinois accouraient au rivage dans la surprise de cet événement, nous eûmes le temps