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portugaise, qu’il avait à sa solde trente Portugais choisis dont il s’était fait autant d’amis par ses caresses et ses bienfaits. C’était d’ailleurs un vieux corsaire exercé depuis long-temps au brigandage. La vue de deux bâtimens plus faibles que le sien le disposa aussitôt à les attaquer. Son habileté lui fit gagner le dessus du vent ; et s’étant approché à la portée du mousquet, il les salua de quinze pièces d’artillerie. Malgré l’extrême inégalité des forces, Faria ne put se résoudre à la soumission ; mais lorsqu’il se préparait au combat, un de ses gens aperçut une croix dans la bannière des ennemis ; et sur le chapiteau de leur poupe quantité de ces bonnets rouges que les Portugais portaient alors dans leurs expéditions militaires. Après cette découverte, quelques signes furent bientôt entendus. De part et d’autre on ne pensa plus qu’à se prévenir par des témoignages de joie et d’amitié. Quiay-Panjam, qui aimait le faste, passa sur le bord de Faria, dont il connaissait le mérite par l’éclat de ses actions, avec un cortége de vingt Portugais richement vêtus, et des présens qui furent estimés deux mille ducats. Faria, dans l’abaissement où le sort l’avait réduit, ne put répondre à cette ostentation de richesses ; mais, son nom faisant toute sa grandeur présente, il raconta ses malheurs avec une simplicité noble qui lui attira plus d’admiration que le souvenir de sa fortune. Le corsaire, après avoir entendu ses nouveaux projets, lui