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redoutable armement. Nous partîmes dans le meilleur ordre. Trois jours après nous arrivâmes aux Pêcheries, où le corsaire avait enlevé la jonque de notre nation. Quelques espions qu’on envoya sur la rivière nous rapportèrent qu’il était à deux lieues de là, dans une autre rivière nommée Tinlau, et qu’il y faisait réparer la jonque portugaise. Faria fit vêtir à la chinoise un de ses plus braves et de ses plus sages soldats, avec ordre de s’avancer dans une barque de pêcheur pour observer la contenance et la situation des ennemis. On apprit bientôt qu’ils étaient sans défiance et dans un désordre qui nous ferait trouver peu de peine à les aborder. Nos deux chefs résolurent d’aller mouiller le soir à l’embouchure de la rivière, et de commencer l’attaque à la pointe du jour.

» La mer fut si calme et le vent si favorable, que Faria crut devoir profiter de l’obscurité pour s’avancer presque la hauteur du corsaire. Cette manœuvre eut le succès qu’il s’en était promis ; et dans l’espace d’une heure nous arrivâmes à la portée de l’arquebuse sans avoir été découverts. Mais les premiers rayons du jour ne tardèrent point à nous trahir. Plusieurs sentinelles qui étaient distribuées sur les bords de la rivière sonnèrent l’alarme avec des cloches ; et quoique la lumière ne permît point encore de distinguer les objets, il s’éleva un si furieux bruit parmi les corsaires qui étaient au rivage et ceux qu’ils avaient laissés