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tugais la nécessité de ne pas se montrer aux Chinois, qui n’avaient jamais vu d’étrangers dans ces lieux. Nous suivîmes un conseil dont nous sentîmes l’importance ; tandis qu’avec les matelots de sa nation il se tenait prêt à donner les explications qu’on pourrait lui demander. Il proposa aussi de gouverner par le milieu de l’anse plutôt que de suivre les côtes, où nous découvrîmes un grand nombre de lantées. On se conforma pendant six jours à ses intentions. Le septième nous découvrîmes devant nous une grande ville nommée Sileupeumor, dont nous devions traverser le havre pour entrer dans la rivière. Similau, nous ayant recommandé plus que jamais de nous tenir couverts, y jeta l’ancre à deux heures après minuit. Vers la pointe du jour il en sortit paisiblement, au travers d’un nombre infini de vaisseaux qui nous laissèrent passer sans défiance ; et, traversant la rivière, qui n’avait plus que six ou sept lieues de largeur, nous eûmes la vue d’une grande plaine que nous ne cessâmes point de côtoyer jusqu’au soir.

» Cependant les vivres commençaient à nous manquer, et Similau, qui paraissait quelquefois effrayé de sa propre hardiesse, ne jugeait point à propos d’aborder au hasard pour renouveler nos provisions. Nous fûmes réduits, pendant treize jours, à quelques bouchées de riz cuit dans l’eau, qui nous étaient mesurées avec une extrême rigueur. L’éloignement de nos espérances, qui paraissaient reculer de jour