Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

étaient sur les deux vaisseaux, trente-quatre avaient pris la fuite, pour se dérober apparemment aux malheurs dont ils nous croyaient menacés. Nous tombâmes dans un étonnement qui nous fit lever les mains et les yeux au ciel sans avoir la force de prononcer un seul mot. Cependant, comme il était question de délibérer sur une situation si terrible, on tint conseil, mais avec une variété de sentimens qui retarda long-temps la conclusion. Enfin nous résolûmes, à la pluralité des voix, de ne pas abandonner un dessein pour lequel nous avions déjà bravé tant de dangers. Mais, consultant aussi la prudence , nous pensâmes à nous saisir de quelques habitans du pays de qui nous pussions savoir ce qui nous restait de chemin jusqu’à l’île de Calempluy. Si nos informations nous apprenaient qu’il fut aussi facile de l’attaquer que Similau nous en avait flattés, nous promîmes au ciel d’achever notre entreprise ; ou, si les difficultés nous paraissaient invincibles, nous devions nous abandonner au fil de l’eau, qui ne pouvait nous conduire qu’à la mer, où son cours la portait naturellement.

» L’ancre fut levée néanmoins avec beaucoup de crainte et de confusion ; la diminution de nos matelots ne nous permit pas d’avancer beaucoup le jour suivant ; mais, ayant mouillé le soir assez près de la rive, on découvrit, à la fin de la première garde, une barque à l’ancre au milieu de la rivière. Nous nous