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des semblables à celles de nos églises. Tous ces bâtimens, qui paraissaient dorés, avaient des tours fort hautes, que nous prîmes pour des clochers. Ils étaient entourés de deux grandes rues dont les maisons avaient aussi beaucoup d’éclat. Un spectacle si magnifique nous fît prendre une haute idée de cet établissement et des trésors qui devaient être renfermés dans un lieu dont les murs étaient si riches.

» Nous avions reconnu avec le même soin les avenues et les entrées. Pendant une partie du jour, que nous avions donnée à ces observations, il ne s’était présenté personne dont la rencontre eût pu nous alarmer. Nous commençâmes à nous persuader ce que nous avions eu peine à croire sur le témoignage de Similau et de nos prisonniers chinois, c’est-à-dire que l’île n’était habitée que par des bonzes, et qu’elle n’avait pour défense que l’opinion établie de sa sainteté. Quoique l’après-midi fût assez avancé, Faria prit la résolution de descendre par une des huit avenues que nous avions observées, pour prendre langue dans les ermitages, et régler notre conduite sur ses informations. Il se fit accompagner de trente soldats et de vingt esclaves. J’étais de cet escorte. Nous entrâmes dans l’île avec le même silence qui ne cessait pas d’y régner ; et, traversant le petit bois d’orangers, nous arrivâmes à la porte du premier ermitage. Il n’était qu’à deux portées de mousquet du lieu où nous