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dés à profiter sur-le-champ de ce qui s’était offert, nous emportâmes l’espérance de parvenir le lendemain à d’autres sources de richesses. Faria ne quitta pas l’ermite sans l’avoir forcé de lui apprendre quels ennemis nous avions à redouter dans l’île ; son récit augmenta notre confiance. Le nombre des solitaires, qu’il nommait talagrepos, était de trois cent soixante-cinq, mais tous dans un âge fort avancé. Ils avaient quarante valets nommés menigrepos, pour leur fournir les secours nécessaires, ou pour les assister pendant leurs maladies. Le reste des édifices, qui était éloigné d’un quart de lieue, n’était peuplé que de bonzes, non-seulement sans armes, mais sans barques pour sortir de l’île, où toutes leurs provisions leur étaient apportées des villes voisines. Faria conçut qu’en y retournant à la pointe du jour, après avoir fait une garde exacte pendant la nuit, nous pouvions espérer qu’il n’échapperait rien à nos recherches, et que six ou sept cents moines chinois, qui devaient être à peu près le nombre des bonzes, n’entreprendraient pas de se défendre contre des soldats armés.

» Quelque témérité qu’il y eût dans ce dessein, peut-être n’aurait-il pas manqué de vraisemblance, si nous avions eu la précaution de nous défaire de l’ermite, ou de l’emmener sur nos vaisseaux : il pouvait arriver que les menigrepos laissassent passer cette nuit sans visiter son ermitage ; et nous serions descendus