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Japon, et en beaux draps de Hollande, un présent d’environ six mille écus. Tavernier, qui était présent, eut occasion d’admirer la générosité mogole. Ce seigneur reçut le compliment avec politesse ; mais, se trouvant offensé du présent, il obligea les Hollandais de le remporter, en leur disant que, par considération et par amitié pour les Franguis, il prendrait seulement une petite canne, de six qu’ils lui offraient. C’était une de ces cannes du Japon qui croissent par petits nœuds  ; encore fallut-il ôter l’or dont on l’avait enrichie, parce qu’il ne la voulut recevoir que nue. Après les complimens, il demanda au directeur hollandais ce qu’il pouvait faire pour l’obliger ; et Vélant l’ayant prié de permettre que, dans l’absence de la cour, il pût voir avec Tavernier l’intérieur du palais, cette grâce leur fut accordée : on leur donna six hommes pour les conduire.

La première porte, qui sert de logement au gouverneur, conduit à une voûte longue et obscure, après laquelle on entre dans une grande cour environnée de portiques comme la place Royale de Paris. La galerie qui est en face est plus large et plus haute que les autres ; elle est soutenue de trois rangs de colonnes. Sous celles qui règnent des trois autres côtés de la cour, et qui sont plus étroites et plus basses, on a ménagé plusieurs petites chambres pour les soldats de la garde. Au milieu de la grande galerie on voit une niche pratiquée dans le mur, où l’empereur se rend par un petit escalier dé-