Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/122

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bourg d’Acerat, qui est à vingt-cinq cosses de Toutipour, il ne cessa pas d’en voir une si grande quantité, qu’il lui prit envie d’en tirer un, pour essayer s’il est vrai, comme on le croit aux Indes, qu’un coup de fusil ne leur fait rien. Le coup lui donna dans la mâchoire, et lui fit couler du sang, mais il ne s’en retira pas moins dans la rivière. Le lendemain on n’en aperçut pas un moindre nombre, qui étaient couchés sur le bord de la rivière, et l’auteur en tira deux, de trois balles à chaque coup. Au même instant, ils se renversèrent sur le dos en ouvrant la gueule, et tous deux moururent dans le même lieu.

Daca est une grande ville qui ne s’étend qu’en longueur, parce que les habitans ne veulent pas être éloignés du Gange. Elle a plus de deux cosses, sans compter que, depuis le dernier pont de brique, on ne rencontre qu’une suite de maisons écartées l’une de l’autre, et la plupart habitées par des charpentiers, qui construisent des galéasses et d’autres bâtimens. Toutes ces maisons, dont Tavernier n’excepte point celles de Daca, ne sont que de mauvaises cabanes composées de terre grasse et de bambou. Le palais même du gouverneur est de bois ; mais il loge ordinairement sous des tentes qu’il fait dresser dans une cour de son enclos. Les Hollandais et les Anglais ne jugeant point leurs marchandises en sûreté dans les édifices de Daca, se sont fait bâtir d’assez beaux comptoirs. On y voit aussi une fort belle