Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/124

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trop ou qui se fâche, ils le regardent sans rien dire, en riant de sa chaleur comme d’une extravagance.

La première pièce qu’Akel-Khan mit entre les mains de Tavernier fut un grand diamant, qui est une rose ronde, fort haute d’un côté. À l’arête d’en bas, on voit un petit cran dans lequel on découvre une petite glace. L’eau en est belle. Il pèse trois cent dix-neuf ratis et demi, qui font deux cent quatre-vingts de nos carats. C’est un présent que Mirghimola fit à l’empereur Schah-Djehan lorsqu’il vint lui demander une retraite à sa cour, après avoir trahi le roi de Golconde son maître. Cette pierre était brute, et pesait alors neuf cents ratis, qui font sept cent quatre-vingts carats et demi. Elle avait plusieurs glaces. En Europe on l’aurait gouvernée fort différemment, c’est-à-dire qu’on en aurait tiré de bons morceaux, et qu’elle serait demeurée plus pesante. Schah-Djehan la fit tailler par un Vénitien nommé Hortensio Borgis, mauvais lapidaire qui se trouvait à la cour. Aussi fut-il mal récompensé. On lui reprocha d’avoir gâté une si belle pierre, qu’on aurait pu conserver dans un plus grand poids, et dont Tavernier ajoute qu’il aurait pu tirer quelque bon morceau sans en faire tort à l’empereur. Il ne reçut pour prix de son travail que dix milles roupies.

Après avoir admiré ce beau diamant, et l’avoir remis entre les mains d’Akel-Khan, Tavernier en vit un autre en poire, de fort bonne