Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bord sur ses affaires, et lui fit dire ensuite qu’il l’entretiendrait dans la maison de l’inquisition, quoiqu’il eût son palais dans un autre quartier. Cette affectation pouvait lui causer quelque défiance, parce qu’il était protestant. Cependant il ne fit aucune difficulté d’entrer dans l’inquisition à l’heure marquée. Un page l’introduisit dans une grande salle, où il demeura seul l’espace d’un quart d’heure. Enfin un officier qui vint le prendre le fit passer par deux grandes galeries et par quelques appartemens, pour arriver dans une petite chambre où l’inquisiteur l’attendait, assis au bout d’une grande table en forme de billard. Tout l’ameublement, comme la table, était couvert de drap vert d’Angleterre. Après le premier compliment, l’inquisiteur lui demanda de quelle religion il était. Il répondit qu’il faisait profession de la religion protestante. La seconde question regarda son père et sa mère, dont on voulut savoir aussi la religion : et lorsqu’il eut répondu qu’ils étaient protestans comme lui, l’inquisiteur l’assura qu’il était le bienvenu, comme s’il eût été justifié par le hasard de sa naissance. Alors l’inquisiteur cria qu’on pouvait entrer. Un bout de tapisserie qui fut levé au coin de la chambre fit paraître aussitôt dix ou douze personnes qui étaient dans la chambre voisine. C’étaient deux religieux augustins, deux dominicains, deux carmes et d’autres ecclésiastiques, à qui l’inquisiteur apprit d’abord que Tavernier était né protestant,