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nombre de ses soldats. Elles sont peuplées d’une multitude prodigieuse de chevaux et d’éléphans. Le nombre de ses chevaux est d’environ douze mille, dont on ne choisit à la vérité que vingt ou trente pour le service de sa personne ; le reste est pour la pompe ou destiné à faire des présens. C’est l’usage des grands-mogols de donner un habit et un cheval à tous ceux dont ils ont reçu le plus léger service. On fait venir tous ces chevaux de Perse, d’Arabie, et surtout de la Tartarie. Ceux qu’on élève aux Indes sont rétifs, ombrageux, mous, et sans vigueur. Il en vient tous les ans plus de cent mille de Bockara et de Kaboul ; profit considérable pour les douanes de l’empire, qui font payer vingt-cinq pour cent de leur valeur. Les meilleurs sont séparés pour le service du prince, et le reste se vend à ceux qui, par leur emploi, sont obligés de monter la cavalerie. On a fait remarquer dans plusieurs relations que leur nourriture aux Indes n’est pas semblable à celle qu’on leur donne en Europe, parce que dans un pays si chaud, on ne recueille guère de fourrage que sur le bord des rivières. On y supplée par des pâtes assaisonnées.

Les éléphans sont tout à la fois une des forces de l’empereur mogol, et l’un des principaux ornemens de son palais. Il en nourrit jusqu’à cinq cents, pour lui servir de monture, sous de grands portiques bâtis exprès. Il leur donne lui-même des noms pleins de