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qui jouent ensemble à certaines heures du jour et de la nuit. Mais c’est un concert bien étrange aux oreilles d’un Européen qui n’y est pas encore accoutumé ; car dix ou douze de ces haut-bois et autant de timbales se font entendre tout à la fois, et quelques hautbois, tels que celui qu’on appelle karna, sont longs d’une brasse et demie, et n’ont pas moins d’un pied d’ouverture par le bas ; comme il y a des timbales de cuivre et de fer qui n’ont pas moins d’une brasse de diamètre. Bernier raconte que, dans les premiers temps, cette musique le pénétrait, et lui causait un étourdissement insupportable. Cependant l’habitude eut le pouvoir de la lui faire trouver très-agréable, surtout la nuit , lorsqu’il l’entendait de loin dans son lit et de sa terrasse. Il parvint même à lui trouver beaucoup de mélodie et de majesté. Comme elle a ses règles et ses mesures, et que d’excellens maîtres, instruits dès leur jeunesse, savent modérer et fléchir la rudesse des sons, on doit concevoir, dit-il, qu’ils en doivent tirer une symphonie qui flatte l’oreille dans l’éloignement.

À l’opposite de la grande porte du nagarkanay, au-delà de toute la cour, s’offre une grande et magnifique salle à plusieurs rangs de piliers, haute et bien éclairée, ouverte de trois côtés, et dont les piliers et le plafond sont peints et dorés. Dans le milieu de la muraille qui sépare cette salle d’avec le sérail on a laissé une ouverture, ou une espèce de grande