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tou ; ses amours durèrent assez long-temps, sans que personne y trouvât beaucoup à redire, parce qu’enfin c’était un eunuque, qui a droit d’entrer partout. Mais cette familiarité devint si grande et si extraordinaire, que les voisins se doutèrent de quelque chose, et raillèrent l’écrivain. Une nuit qu’il trouva les deux amans couchés ensemble, il poignarda l’eunuque, et laissa la femme pour morte. Tout le sérail, les femmes et eunuques, se ligua contre lui pour le faire mourir ; mais Aureng-Zeb se moqua de toutes leurs brigues, et se contenta de lui faire embrasser le mahométisme. »

Les devoirs qu’on rend aux morts, sont accompagnés de tant de modestie et de décence, qu’un voyageur hollandais reproche à sa nation d’en avoir beaucoup moins. Pendant trois jours les femmes, les parens, les enfans et les voisins poussent de grands cris ; ensuite on lave le corps : on l’ensevelit dans une toile blanche qu’on coud soigneusement, et dans laquelle on renferme divers parfums. La cérémonie des funérailles commencé par deux ou trois prêtres, qui tournent plusieurs fois autour du corps en prononçant quelques prières. Huit ou dix hommes vêtus de blanc le mettent dans la bière et le portent au lieu de la sépulture. Les parens et les amis, vêtus aussi de blanc, suivent deux à deux, et marchent avec beaucoup d’ordre et de modestie. Le tombeau est petit, et ordinairement de maçonnerie ; on y pose le corps sur le côté droit, les pieds tournés vers le