Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/225

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moignages, qu’il se trouve de ces idolâtres qui passent un mois ou six semaines sans autre nourriture que de l’eau, dans laquelle ils raclent d’un certain bois amer qui soutient leurs forces. Les ceuravaths brûlent les corps des personnes âgées ; mais ils enterrent ceux des enfans. Leurs veuves ne se brûlent point avec leurs maris ; elles renoncent seulement à se remarier. Tous ceux qui font profession de cette secte peuvent être admis à la prêtrise ; on accorde même cet honneur aux femmes, lorsqu’elles ont passé l’âge de vingt-cinq ans ; mais les hommes y sont reçus dès leur septième année, c’est-à-dire qu’ils en prennent l’habit, qu’ils s’accoutument à mener une vie austère, et qu’ils s’engagent à la chasteté par un vœu. Dans le mariage même, l’un des deux époux a le pouvoir de se faire prêtre, et par cette résolution d’obliger l’autre au célibat pour le reste de ses jours. Quelques-uns font vœu de chasteté après le mariage ; mais cet excès de zèle est rare. Dans les dogmes de cette secte, la Divinité n’est point un être infini qui préside aux événemens : tout ce qui arrive dépend de la bonne ou mauvaise fortune ; ils ont un saint qu’ils nomment Fiel-Tenck-Ser ; ils n’admettent ni enfer ni paradis ; ce qui n’empêche point qu’ils ne croient l’âme immortelle ; mais ils croient qu’en sortant du corps elle entre dans un autre, d’homme ou de bête, suivant le bien ou le mal qu’elle a fait, et qu’elle choisit toujours une femelle, qui