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lesquels ils ont le même respect, malgré la différence de leurs explications. Bernier, qui s’attache particulièrement à tout ce qui regarde leurs sciences et leurs opinions, nous donne des éclaircissemens curieux sur ces deux points.

Bénarès, ville située sur le Gange, dans un pays très-riche et très-agréable, est l’école générale et comme l’Athènes de toute la gentilité des Indes. C’est le lieu où les bramines, et tous ceux qui aspirent à la qualité de savans se rendent pour communiquer leurs lumières ou pour en recevoir. Ils n’ont point de colléges et de classes subordonnées comme les nôtres ; en quoi Bernier leur trouve plus de ressemblance avec l’ancienne manière d’enseigner. Les maîtres sont dispersés par la ville, dans leurs maisons, et principalement dans les jardins des faubourgs, où les riches marchands leur permettent de se retirer. Les uns ont quatre disciples, d’autres six ou sept, et les plus célèbres, douze ou quinze au plus, qui emploient dix ou douze années à recevoir leurs instructions. Cette étude est très-lente, parce que la plupart des Indiens sont naturellement paresseux ; défaut qui leur vient de la chaleur du pays et de la qualité de leurs alimens. Ils étudient sans contention d’esprit, en mangeant leur kichery, c’est-à-dire un mélange de légumes que les riches marchands leur font apprêter.

Leur première étude est le sanscrit, qui est