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naturel que les mahométans. Leurs mœurs sont douces, innocentes, ou plus éloignées du moins de toutes sortes de désordres que celles des autres nations de l’Inde.

Lorsqu’un parsis est à l’extrémité de sa vie, on le transporte de son lit sur un banc de gazon, où on le laisse expirer. Ensuite cinq ou six hommes l’enveloppent dans une pièce d’étoffe, et le couchent sur une grille de fer en forme de civière, sur laquelle ils le portent au lieu de la sépulture commune, qui est toujours à quelque distance de la ville. Ces cimetières sont trois champs, fermés d’une muraille de douze ou quinze pieds de hauteur, dont l’un est pour les femmes, l’autre pour les hommes, et le troisième pour les enfans. Chaque fosse a sur son ouverture des barres qui forment une autre espèce de grille, sur laquelle on place le corps pour y servir de pâture aux oiseaux de proie, jusqu’à ce que les os tombent d’eux-mêmes dans la fosse. Les parens et les amis l’accompagnent avec des cris et des gémissemens effroyables ; mais ils s’arrêtent à cinq cents pas de la sépulture, pour attendre qu’il soit couché sur la grille. Six semaines après, on porte au cimetière la terre sur laquelle le mort a rendu l’âme, comme une chose souillée que personne ne voudrait avoir touchée ; elle sert à couvrir les restes du corps et à remplir la fosse. L’horreur des parsis va si loin pour les cadavres, que, s’il leur arrive seulement de toucher aux os d’une bête morte,