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leurs métiers, et s’occuper à faire blanchir les toiles, en accompagnant de chansons le travail et le mouvement de leurs mains et de leurs pieds. Les hommes me paraissent plus lâches et plus paresseux. Ils se faisaient aider par leurs femmes dans les plus pénibles exercices, tels que de cultiver la terre et de moissonner : elles s’en acquittaient mieux qu’eux. Après avoir travaillé avec beaucoup d’ardeur, elles allaient encore faire le ménage pendant que leurs maris se reposaient. J’ai vu cent fois les femmes gentives travailler à la terre avec leurs petits enfans à leur cou ou à la mamelle. »

On trouve dans l’Indoustan une autre sorte de sectaires, qui ne sont ni païens ni mahométans, et qui portent le nom de theers. On ne leur connaît aucune religion : ils forment une société qui ne sert dans tous les lieux qu’à nettoyer les puits, les cloaques, les égouts, et qu’à écorcher les bêtes mortes, dont ils mangent la chair. Ils conduisent aussi les criminels au supplice, et quelquefois ils sont chargés de l’exécution ; aussi passent-ils pour une race abominable. D’autres Indiens qui les auraient touchés se croiraient obligés de se purifier depuis la tête jusqu’aux pieds ; et cette horreur que tout le monde a pour eux leur a fait donner le surnom d’alkores. On ne souffre point qu’ils demeurent au centre des villes. Ils sont obligés de se retirer à l’extrémité des faubourgs, et de s’éloigner du commerce des habitans.