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manqué de respect en lui offrant un présent si médiocre, qui ne répondait ni à l’opulence d’un empereur des Indes, ni à la grandeur d’un roi de Perse. Il lui promit le double, s’il voulait marcher jusqu’à Delhy, à condition néanmoins qu’il n’écoutât pas les conseils de Nizam-oul-Moulk qui le trompait, qu’il retînt l’empereur lorsqu’une fois il l’aurait près de lui, et qu’il se fît rendre compte du trésor. Cette proposition, qui flattait l’avidité de Nadir-Schah, fut si bien reçue, qu’elle lui fit prendre aussitôt la résolution de ne pas observer le traité.

Il ordonna un grand festin. L’empereur, étant arrivé avec Nizam-oul-Moulk, fut traité d’abord comme on était convenu. Après les premiers complimens, Nadir-Schah fit signe de servir, et pria Mohammed-Schah d’agréer quelques rafraîchissemens : son invitation fut acceptée. Pendant qu’ils étaient à table, Nadir-Schah prit occasion des circonstances pour tenir ce discours à l’empereur : « Est-il possible que vous ayez abandonné le soin de votre état au point de me laisser venir jusqu’ici ? Quand vous apprîtes que j’étais parti de Kandahar dans le dessein d’entrer dans l’Inde, la prudence n’exigeait-elle pas que, quittant le séjour de votre capitale, vous marchassiez en personne jusqu’à Lahor, et que vous envoyassiez quelqu’un de vos généraux avec une armée jusqu’à Kaboul pour me disputer les passages ? Mais ce qui m’é-