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Nadir Schah un écrit dans ces termes : « Si tu es dieu, agis en dieu. Si tu es un prophète, conduis-nous dans la voie du salut ; si tu es roi, rends les peuples heureux, et ne les détruis pas. » Nadir-Schah répondit sans s’émouvoir : « Je ne suis pas dieu pour agir en dieu, ni prophète pour montrer le chemin du salut, ni roi pour rendre les peuples heureux. Je suis celui que Dieu envoie contre les nations sur lesquelles il veut faire tomber sa vengeance. »

Enfin, content de ses succès dans l’Inde, il se prépara sérieusement à retourner en Perse. Le 6 de mai, il assembla au palais tous les omhras, devant lesquels il déclara qu’il rétablissait l’empereur dans la possession libre de ses états. Ensuite, après avoir donné à ce monarque plusieurs avis sur la manière de gouverner, il s’adressa aux omhras du ton d’un maître irrité : « Je veux bien vous laisser la vie, leur dit-il, quelque indignes que vous en soyez ; mais si j’apprends à l’avenir que vous fomentiez dans l’état l’esprit de faction et d’indépendance, quoique éloigné, je vous ferai sentir le poids de ma colère, et je vous ferai mourir tous sans miséricorde. »

Tels furent ses derniers adieux. Il partit le lendemain avec des richesses immenses en pierreries, en or, en argent, qu’on évalua pour son propre compte à soixante-dix krores de roupies, sans y comprendre le butin de ses officiers et de ses soldats, qu’on fait monter à