Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui se voient de fort loin et qu’on distingue facilement, servent de guides à ceux pour qui cet ordre est familier, Bernier fait une peinture singulière de la confusion qui règne dans le camp. « Toutes ces marques, dit- il, n’empêchent pas qu’on ne se trouve quelquefois fort embarrassé, et même en plein jour, mais surtout le matin, lorsque tout le monde arrive et que chacun cherche à se placer. Il s’élève souvent une si grande poussière, qu’on ne peut découvrir le quartier de l’empereur, les étendards des bazars et les tentes des omhras, sur lesquelles on est accoutumé à se régler. On se trouve pris entre les tentes qu’on dresse, ou entre les cordes que les moindres omhras qui n’ont pas de peiche-kanés, et les mansebdars, tendent pour marquer leurs logemens, et pour empêcher qu’il ne se fasse un chemin près d’eux, ou que des inconnus ne viennent se placer proche de leurs tentes, dans lesquelles ils ont quelquefois leurs femmes. Si l’on cherche un passage, on le trouve fermé de ces cordes tendues, qu’un tas de valets armés de gros bâtons refusent d’abaisser ; si l’on veut retourner sur ses pas, le chemin par lequel on est venu est déjà bouché. C’est là qu’il faut crier, faire entendre ses prières ou ses injures, feindre de vouloir donner des coups et s’en bien garder ; laisser aux valets le soin de quereller ensemble et prendre celui de les accorder ; enfin se donner toutes les peines imaginables pour se tirer d’embarras