Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/306

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ceux qui faisaient du bruit. Bernier, qui eut la curiosité d’entrer dans sa caverne, après lui avoir adouci le visage par un présent d’une demi-roupie, lui demanda ce qui lui causait tant d’aversion pour le bruit. Sa réponse fut que le bruit excitait de furieuses tempêtes autour de la montagne ; qu’Aureng-Zeb avait été fort sage de suivre son conseil ; que Schan-Djehan eh avait toujours usé de même ; et que Djehan-Ghir, pour s’être une fois moqué de ses avis, et n’avoir pas craint de faire sonner les trompettes et donner des timbales, avait failli périr avec son armée.

On lit dans l’histoire des anciens rois de Cachemire que tout ce pays n’était autrefois qu’un grand lac, et qu’un saint vieillard, nommé Kacheb, donna une issue miraculeuse aux eaux en coupant une montagne qui se nomme Baramoulé. Bermer n’eut pas de peine à croire que cet espace avait été autrefois couvert d’eau, comme on le rapporte de la Thessalie et de quelques autres pays ; mais il ne put se persuader que l’ouverture de Baramoulé fût l’ouvrage des hommes, parce que cette montagne est très-haute et très-large ; il se figura plus volontiers que les tremblemens de terre, auxquels ces régions sont assez sujettes, peuvent avoir ouvert quelque caverne souterraine, où la montagne s’est enfoncée d’elle-même. C’est ainsi que, suivant l’opinion des Arabes, le détroit de Babel-Mandel s’est anciennement ouvert, et qu’on a vu des monta-